vendredi 27 janvier 2017

Quand j'ouvre ma fenêtre

Quand j'ouvre ma fenêtre sur mon coeur, je vois des gens. Plein de gens. Tous ceux que j'ai aimé, que j'aime et même ceux que j'aimerai.
Je vois le sang qui prend parfois l'autoroute à contre sens au risque de provoquer des accidents.
Je vois la maison de l'enfance avec ses odeurs, sa chaleur et ses bruits de bombes.
Je vois la plage au bout du maquis parfumé.
Je vois mon homme et mes enfants. Rencontre, naissance et croissance.
Je vois la maison rose sur le morne, entourée de bougainvilliers et inondée de bruits d'insectes.
Quand j'ouvre ma fenêtre sur mon coeur, je vois des clous plantés par la vie, la mienne et celle de ceux que j'ai connu.
Ces clous sont rouillés et  ça fait joli finalement!


Quand j'ouvre ma fenêtre sur mes yeux, je vois la faille.
La cicatrice.
L'ancienne blessure qui sourit quand même, parce que c'est bien d'avoir des yeux.
Pour voir dehors.
Mais aussi dedans.
Pour voir les autres.
Plonger derrière l'iris et se glisser en eux.
Savoir s'ils ont une cicatrice eux aussi.
Quand j'ouvre ma fenêtre sur mes yeux, je sais qu'ils voient pour deux.



Quand j'ouvre ma fenêtre sur mon corps, je me dis qu'il vieillit. Il devient mollasson et flétri. Paresseux et niais. Bientôt inutile.
Il faudrait faire quelque chose! Mais je suis comme lui: j'ai la flemme.