lundi 28 octobre 2013

emploi du temps d'un après midi d'octobre

Des papiers, des papiers, des formalités, des relevés de banque, des contrats d'assurance, des adhésions, des réversions, ils m'ont même fait supprimer ton nom. Ils n'en n'ont jamais assez, il leur faut un duplicata, un certificat et moi dans tout ça, moi il me vient l'envie de tout déchirer, de t'appeler pour m'aider. Quelle idée, tu m'as quittée pour l'éternité.
14h. Je descends dans le hall, raz le bol. Là, des papiers légers volent, la porte s'ouvre et ils tournent, valsent au souffle léger, eux aussi sont dans l'éternité, dans le mouvement perpétuel,soumis aux forces de la nature, dans un système de mesures bien pensé, harmonisé. Ils me rappellent tes manèges de porcelaine, la même recherche, la matière et les nombres associés dans la marche du monde.
Mais eux, ils ont accepté, ils se sont abandonnés à ce mouvement réglé, ils se laissent aller; moi , je suis révoltée, effrayée par nos chemins brutalement séparés.
15h, je remonte, je change de papiers, ceux là, ils ne sont pas rangés dans des dossiers, ils sont fixés sur mon frigo par des aimants témoins de nos voyages, de nos promenades du temps où on était amants. Ces papiers là, ils chantent, me murmurent à l'oreille que la vie est belle. Ils parlent de contact avec la terre, d'atelier , de liberté, de fenêtre ouverte et même de courant d'air. Ils me proposent une plongée dans des espaces atypiques, me parlent de gymnastique et de botanique. Je pousse la porte de la villa Perle Blanche et accompagnée d'un serpent à plumes, je monte sur les planches. Je ne vais tout de même pas déclamer!
Alors à 16h.30, j'ai pris la main du petit et on est parti."Dis mémé, c'est quand qu'on va où?"( chanson Renaud)
"On verra, tiens regarde sur la pierre au soleil, un ragondin se lisse les moustaches, il y a des amis sur le chemin et si on mangeait une glace à la pistache! On pourrait lire un bouquin, j'ai découvert une bibliothèque dans mon immeuble et la musique aussi, elle dansait sur les murs, je te jure!"
18h. "C'est l'heure de rentrer, maman vient te retrouver.
18h.30 Seule chez moi, j'ai ouvert l'agenda, rayé la croisière, c'était pour un autre temps, le temps d'avant, le temps où tu étais présent.
Maintenant je ne vais pas voguer sur l'eau, je vais passer le pont, un pont dont tu avais ébauché la construction, sans plans définitifs comme tu en fais des millions, juste un crayonné pour m'empêcher de chanter:" Pour passer le Rhône, il faut être deux, pour bien le passer , il faut savoir danser..."
Je suis seule te je ne sais pas danser mais je vais tout de même construire le pont, j'espère que sur l'autre rive il fera bon. Je laisserai le temps en moi s'acheminer tout en lui superposant le temps du calendrier pour que des espaces de "vivre ensemble" me redonnent l'élan et la confiance.
19h. Je prépare le repas, lui fera toujours partie de mon agenda. Pourtant tu m'avais dit:" au corbu, je te ferai des petits plats". La mort a mis fin au calepin de la maison et dans ma conjugaison il n'y a plus de on, de nous, de tu, plus que les deux boucles du je.
Mais c'est une autre discussion et je noircirai un autre papier à son sujet!