jeudi 31 octobre 2013

petit point sur moi

Petit point sur moi
Huguette Bailly, née Bruscoli, c'est  écrit ainsi sur les papiers où on m'a fichée. pas toujours, à une époque, j'étais Bruscoli Huguette, troisième fille et oui encore une, d'Irmo et Elise. Bruscoli jusqu'à mes vingt ans et là je suis devenue une Bailly, façon de parler, j'étais toujours pièce rapportée et la chaîne a continué ainsi avec Bertrand et Amandine puis la naissance de leurs petits. Et oui, je suis mémé et pépé n'est plus à mes côtés.
On m'a cataloguée l'instit, la rigidité, la droiture, la froideur. Ils n'étaient pas là ces beaux parleurs quand je riais, dansais, chantais, mimais avec "mes petits". Les compétences, je m'en balance, la personne a pour moi plus d'importance. Retraitée, je suis fière d'avoir semé un peu de folie, d'amour des petits riens de la vie, de la fierté de petites taches accomplies, je suis fière d'avoir raconté des fables tout en stimulant l'émerveillement des leçons de choses d'Henri Fabre.
Et la mienne de folie?Je voudrais bien la faire sortir elle aussi, je compte sur vous pour en venir à bout et réveiller ma fantaisie. On m'a souvent reproché une certaine distance, étrange pour moi qui conçoit la vie que dans les échanges. Il serait temps d'estomper cette faille entre le dehors et le dedans, de lisser les plis, les fissures, de travailler l'unité comme le ferait sur le tour un potier.
Mais de quelle nature est cette cassure? Une carapace pour m'aider à faire face, pour cacher une sorte d'épouvante, faire croire que je suis grande, être exemplaire pour te plaire, t'attirer pour m'aimer, me protéger. Mais tu m'as laissé sur le chemin et cette silhouette incertaine que vous voyez au loin, c'est moi, je me promène à l'orée d'un bois entre odeurs d'enfance, clochers lointains et sève de sapin; entre rires dans la clairières et questions d'amante et de mère. Et ce sac bien chargé, je voudrais trouver l'horizon pour le déposer.
Je me cherche parfois et j'espère pouvoir dire un jour:" Me voici, me voilà, c'est moi" avant que le loup me guette au coin du bois.