La petite princesse aux
éléphants
(La légende du riz gluant).
C'est
dans le nord de la Thaïlande, à Tchang Maï que naquit Bao. Là-bas, on
l'appelait la petite princesse aux éléphants.
L'adolescente
avait une particularité que lui enviaient toutes les jeunes filles du
faubourg.… deux seins potelés et ronds comme jamais on n'en avait vu en ces
contrées de platitude.
Chao
sa cousine avait à peine un an de plus et à peine deux petit boutons pas plus
larges qu'un champignon parfumé.
Chin
sa voisine était pourvue de deux loloches pointues et plates ayant l'étrange
contour d'une feuille de coriandre.
Chong,
déjà fiancée à Dong ,s'arrachait les cheveux devant le miroir à cause de ses
deux seins, pas plus épais qu'un grain de riz gluant trempé de la veille.
Bao, elle, coulait des jours heureux sur son
éléphante, humant le parfum des orchidées, se promenant dans la forêt profonde…
Un
beau matin, l'éléphante de Bao mit au monde un beau bébé éléphant à la trompe
vigoureuse, toutefois, elle était un peu courte, en réalité bien trop courte...
On
le baptisa Kong afin d'assurer sur lui les meilleurs auspices.
Mais
dans les faubourgs de Tchang Mai tout le monde, jaloux de Bao, s'en prenait à
son petit Kong raillant sa trompe ridicule et jusqu'au fond de la forêt aux
orchidées on entendait pleuvoir les rires et les moqueries.
Alors,
le
vieux cornac Lee qui aimait l'enfant, et la sorcière Ho la convoquèrent en
secret.
Ils
lui enseignèrent une recette magique à base de riz gluant, de ciboule, et de
sauces mystérieuses, savoureuses et piquantes. Le met était connu des ancêtres
et de quelques gnomes tapis dans les bois.
Cette
recette était indiquée pour prodiguer aux femmes une pléthorique lactation.
L'enfant nourri de ce lait magique deviendrait à coup sûr, grand, fort, vigoureux…
Un plat de Prince !
Bao,
revenue dans sa maison, sa terra seule en cuisine. Elle prépara avec grand soin
le riz gluant aux aromates . Elle avait déjà grand faim quand le fumet céleste
envahit tout le quartier. Elle engloutit avec appétit sept bols de ce délice.
Repue, elle s'installa alors dans le jardin, sous le manguier où aimait à jouer
Kong. Elle attira à elle l'animal docile et ouvrit son corsage de soie.
L'éléphanteau douillet la téta
goulûment.
Les
mauvaises langues, les méchants et les badauds qui guettaient par là , furent
ébahis par le tableau. Tous partirent en
des directions opposées et à toutes jambes pour colporter par les villages.
Chao,
Chin, Chong et Dong accoururent, et que ne virent-elles pas alors stupéfaites
?...
La
trompe de Kong qui s'était allongée, si longue et si vigoureuse qu'il parvenait à happer les mangues mûres
sur les plus hautes branches !
C'est
depuis, qu'alors, dans le faubourg, on fredonne à l'unisson sur un vieil air
français de Georges Brassens :
«
Quand Bao dégrafait son corsage
Pour
donner la gougoutte à son Kong
Tous
les gars, tous les gars du Mékong
Ils l'ont strong, strong, strong, strong
Ils
l'ont longue. »
Lao Sha