mardi 22 octobre 2013

La petite princesse aux éléphants (La légende du riz gluant).

C'est dans le nord de la Thaïlande, à Tchang Maï que naquit Bao. Là-bas, on l'appelait la petite princesse aux éléphants.
L'adolescente avait une particularité que lui enviaient toutes les jeunes filles du faubourg.… deux seins potelés et ronds comme jamais on n'en avait vu en ces contrées de platitude.
Chao sa cousine avait à peine un an de plus et à peine deux petit boutons pas plus larges qu'un champignon parfumé.
Chin sa voisine était pourvue de deux loloches pointues et plates ayant l'étrange contour d'une feuille de coriandre.
Chong, déjà fiancée à Dong ,s'arrachait les cheveux devant le miroir à cause de ses deux seins, pas plus épais qu'un grain de riz gluant trempé de la veille.
 Bao, elle, coulait des jours heureux sur son éléphante, humant le parfum des orchidées, se promenant dans la forêt profonde…
Un beau matin, l'éléphante de Bao mit au monde un beau bébé éléphant à la trompe vigoureuse, toutefois, elle était un peu courte, en réalité bien trop courte...
On le baptisa Kong afin d'assurer sur lui les meilleurs auspices.
Mais dans les faubourgs de Tchang Mai tout le monde, jaloux de Bao, s'en prenait à son petit Kong raillant sa trompe ridicule et jusqu'au fond de la forêt aux orchidées on entendait pleuvoir les rires et les moqueries.
Alors,
le vieux cornac Lee qui aimait l'enfant, et la sorcière Ho la convoquèrent en secret.
Ils lui enseignèrent une recette magique à base de riz gluant, de ciboule, et de sauces mystérieuses, savoureuses et piquantes. Le met était connu des ancêtres et de quelques gnomes tapis dans les bois.
Cette recette était indiquée pour prodiguer aux femmes une pléthorique lactation. L'enfant nourri de ce lait magique deviendrait à coup sûr, grand, fort, vigoureux… Un plat de Prince !
Bao, revenue dans sa maison, sa terra seule en cuisine. Elle prépara avec grand soin le riz gluant aux aromates . Elle avait déjà grand faim quand le fumet céleste envahit tout le quartier. Elle engloutit avec appétit sept bols de ce délice. Repue, elle s'installa alors dans le jardin, sous le manguier où aimait à jouer Kong. Elle attira à elle l'animal docile et ouvrit son corsage de soie. L'éléphanteau douillet la  téta goulûment.
Les mauvaises langues, les méchants et les badauds qui guettaient par là , furent ébahis par le tableau. Tous partirent  en des directions opposées et à toutes jambes pour colporter par les villages.
Chao, Chin, Chong et Dong accoururent, et que ne virent-elles pas alors stupéfaites ?...
La trompe de Kong qui s'était allongée, si longue et si vigoureuse  qu'il parvenait à happer les mangues mûres sur les plus hautes branches  !
C'est depuis, qu'alors, dans le faubourg, on fredonne à l'unisson sur un vieil air français de Georges Brassens :
« Quand Bao dégrafait son corsage
Pour donner la gougoutte à son Kong
Tous les gars, tous les gars du Mékong
Ils l'ont strong, strong, strong, strong
Ils l'ont longue. »
                                                                  Lao Sha