samedi 25 février 2017

Un jour,

Un jour, le courage m'habitera de nouveau, ce jour là, je trouverai la vie belle et je partirai par les chemins. Accompagnée par les oiseaux, j'atteindrai une bergerie. Elle sera appuyée à la colline et ouverte sur une prairie, le printemps sera là, les pâquerettes pointilleront l'herbe verte. Un troupeau de moutons m'attendra. Les pierres dorées me réchaufferont, mon regard jouera avec les nuages courant dans un ciel clair, une profonde joie se dessinera sur mon visage. Je sortirai mon repas d'une besace de cuir, je mangerai là seule sur un rocher, il me transmettra sa force et une rivière murmurera à mes pieds. Le soir quand la fraicheur me rattrapera, quand la lune m'adressera son sourire en virgule, je retrouverai la douce chaleur d'une cheminée et je tisserai la laine de mes brebis, le cliquetis des navettes agrémentera mes silences et les écheveaux colorés sur le mur me feront oublier la peur, la peur qui paralyse, la peur qui sans cesse me rappelle notre pauvre humanité. D'autres jours, à l'heure où la rosée aura nettoyé mes yeux, je grimperai la pente à la cueillette de plantes médicinales et je complèterai mes herbiers sur la grande table de bois ciré, je façonnerai la terre et mettrai les pots à sécher sur le banc au bout du pré. De temps en temps, je ne ferai rien, je parlerai simplement au vent sous les branches d'un tilleul au parfum enivrant, je saluerai quelques passants et leur demanderai de laisser quelques mots dans mon carnet, les jours de pluie, je les relirai. Un jour, je monterai dans une montgolfière pour avoir un nouveau regard sur mon monde de carte postale puis je reviendrai me coucher dans l'herbe pour écouter de plus près  la terre et peut être que je chanterai en pensant à la mer que j'aurai laissé là bas quand c'était chez moi.