lundi 6 février 2017

Voyage en bateau

Bateau démâté pour le canal du midi.
Ecluses à passer. Sauter sur la berge. Tourner la manivelle. Attendre que l'eau monte.
Remonter sur le bateau. Re sauter sur la berge. Fermer l'écluse. Continuer.
Chemin d'eau sinueux. Les arbres qui font de l'ombre. Des villes à traverser. Le silence du moteur qui ronronne. Arbres. Ecluses. Villes.
Puis la mer.
Bateau remâté.  Voiles gonflées. Traversée de la Méditerranée. Silence tout court. Grand calme. Cuisine dans le minuscule carré. Apéros. Copains. Mari capricieux et pointilleux.
Quarts de veille la nuit. Garder le cap. Maîtriser la barre. Ne pas dormir.
Baleine dans le petit matin. Là, tout près. Quelques mètres. Seule sur le pont. Trouille d'une vie. Bouche ouverte. Et aucun son ne sort. Matin blême. Hélène blême. Muette. subjuguée. Sidérée. Tétanisée.
Puis tempête. Tout le monde sur le pont. Harnais obligatoire. Voiles affalées au maximum.
Insomnie. Météo marine qui crache son venin. Bateau chahuté par les vagues courtes et cassantes. Pipi dans le ciré. Ordres sèchement lâchés. Barre difficile à tenir. Personne n'a faim. Ca tombe bien. Le coeur au bord des lèvres.
Enfin la côte devinée dans la brume. L'odeur de la terre. Les montagnes qui se dessinent.
On croise des petits chaluts. On s'habille. On fait des signes.
Le port. La douche de tout le monde. Le plein d'eau. D'essence. De bouffe. Avant de repartir demain.
Un long mois sur l'eau. A regretter la terre. A se faire bousculer. Chahuter. Engueuler. A se gorger de soleil et de sel à en être brûlés. A regarder l'horizon. A regarder le compas. Puis l'horizon. Puis le compas.
A se sentir petit sur ce méritoire immense.
A se sentir grand de l'avoir fait.