dimanche 20 décembre 2020

 Tissage entre phrases et tableau

Toute l’équipe s’est installée dans une contrée inconnue, un peu de repos sera bienfaisant pour la troupe, la fatigue se faisait sentir. Acrobates, clowns et magiciens ont franchi la frontière de nuit par des chemins de montagne. Ils ignoraient l’état d’urgence de ce pays inconnu. Ils se trouvèrent confinés sur le territoire.Les contrôles étaient fréquents. « Rien à offrir à la patrie, alors vous devez partir ! »Chaque visite de la gendarmerie finissait en cris, vociférations et insultes.

Pour échapper à ces agressions, Fiona décrochait son cerceau et filait au bord de mer, la distance n’était pas insurmontable, elle trouvait toujours la direction qui accentue la pente.Un matin, au détour d’une rue, elle rencontra un homme complètement vêtu d’un simple pantalon, elle s’approcha, il lui demanda son pain, elle n’osa pas refuser, il l’impressionnait mais quand elle croisa son regard, elle ressentit au creux du ventre une vague pareil à l’ouragan, ils s’embrassèrent, plus rien ne la forçait à continuerson chemin, serrés l’un contre l’autre, ils se réconfortaient, acceptaient ces temps troublés. Ils étaient dans l’éblouissement de la rencontre. Ils oubliaient le temps pourtant elle devait rentrer. « Peut-être qu’ils prendront mal que nous ayons été  ensemble cette nuit »lui murmura l’inconnu au creux de l’oreille.En voyant arriver le patriarche, elle posa son doigt sur sa bouche, elle lui demanda gentiment de ne plus rien dire. En quelques secondes, le chef fût sur le couple enlacé, le coup de couteau dans le dos la fit sursauter, trembler de la tête aux pieds. Une goutte de sang tomba de ses lèvres, il s’écroula sur les pavés.

« Tu ne crois pas aux anciens, idiote, pourtant, la vieille ne t’avait rien caché,tu savais que ça arriverait, tu as rencontré le diable, tu es contente ! Mauvaise fille, marche devant moi, désormais tu ne sortiras pas »

Fiona a été mariée quelques années plus tard à un homme de la roulotte voisine, elle a eu une fille qui ne ressemble à personne de la tribu. Cette belle enfant a grandi, souvent elle demande à sa mère : « je sais que tu ne dois rien dire, mais conte moi quand mêmele secret de ma naissance, c’est une si belle rencontre. »