dimanche 18 décembre 2016

Je me souviens

Je ne me souviens pas de la date exacte, il y a si longtemps, j’étais encore loin de ce monde mais j’entends les grondements de Vulcain, j’ai dans la tête le râle de la nature, je tousse encore des odeurs de souffre qui se répandent sur la ville et cette fumée qui avance en rouleau depuis le bout de l’horizon. Je sens au fond de moi cette préparation de fin du monde, la nuit en plein jour puis la montagne qui s’ouvre sous la pression des démons, le silence pesant qui annonce l’explosion, le feu partout, de la terre au ciel, le feu qui dévale les pentes, avale les maisons, me rattrape, dévaste tout, me dévaste. Si vite, ça s’est passé si vite. Tous furent figés, étouffés, pétrifiés dans leur vie au travail, en promenade . C’était fini, c’était la fin du monde que je voyais depuis l’autre côté de la baie. S’en était fini de la vie, de l’agitation, des rêves, des danses, des fêtes.

Nous sommes rien. Des ruines, Pompéi n’est plus, elle est vaincue dans son apogée, la nature a gagné ; que va-t-on raconter plus tard ? Va-t-on oublier ? Va-t-on parler que de batailles, de président, d’économie, de pluie ou de beau temps ?