lundi 18 novembre 2013

De la peur à la renaissance

Je descendais les pentes du volcan, les chevilles gonflées par l'effort de l'ascension, noircie de la tête aux pieds du pouzzolane collé au corps par l'humidité. Fatiguée mais ravie d'avoir assouvi ma curiosité, fière d'avoir conquis ce géant fumant sur la méditerranée, j 'écartai le roseaux à la recherche d'un bateau à l'horizon. Je me rapprochais des premières maisons blanches et me réjouissais déjà des gorgées de vin dégustées sous les tonnelles. J'apercevais la mer dont l'écume brodait les roches noires et ourlait la plage d'un liserai argenté. je m'arrêtai un instant, je m'imprégnais de tant de force et de beauté réunies. Je vidais mes chaussures, étalais mes orteils au vent quand un grondement effroyable emplit l'espace, en quelques minutes le paysage prit des couleurs apocalyptiques. Vulcain hurlait de colère et crachait son souffre dans l'atmosphère. J'étouffais, mon sang se glaçait malgré la chaleur, j'étais terrorisée. Des sueurs froides cheminaient le long de mes os, j'étais plus morte que vive, je ressentais le néant. Dans la panique, j'oubliais mes souliers et me mis à cavaler le long de la pente. Il fallait échapper à la lave brulante. Malgré l'effroi, je n'étais pas pétrifiée, la panique me transportait. J'accomplissais des performances jusque là inégalées. Je m'écroulais enfin sur le sable chaud, livide. Je tremblais, Vulcain riait en regagnant les entrailles de la terre.
Transie d'épouvante, la tête enfouie dans mes genoux repliés, je me mis à pleurer, cette explosion avait résonné au plus profond de moi, il me semblait que mon corps était en ruine. D'un revers de main j'essuyais mes larmes pour découvrir l'ampleur du séisme. Le silence était roi, total comme aux premiers temps. Les vignes étaient anéanties, les maisons dévastées et ce silence....un autre monde.
Soudain un oiseau lança un cri strident, il redessina le ciel et réveilla la mer puis des voix dans le lointain, l'accent italien....un autre monde, d'autres vies que la mienne, d'autres vie pour échanger, partager.
Un frémissement dans mon être, un jour nouveau va naître:
Une renaissance
Des rubans qui avancent
Une sève nouvelle en spirale
Des mouvements d'émerveillement
Des rubans qui avancent
Lumière d'or des anges
Instants de grâce
Et des rubans qui avancent
A l'horizon , des sons
Une lyre qui chante la vie
Une corne d'abondance
Et des rubans qui avancent
Et pourquoi pas une nouvelle jouissance
dans la farandole des rubans qui avancent