lundi 25 novembre 2013

ton arrivée chez nous

Ton arrivée chez nous.
Peu après le 15 Août. Il faut libérer la chambre, d'autres attendent un lit, d'autres qui comme toi sont à terme comme disent sèchement les soeurs de l'hôpital . Il fait chaud mais tu enveloppes le bébé dans un châle, instinct maternel de protection. Et toi tu saignes, normal disent encore les soeurs. Tu remets la robe à carreaux que tu portais quand un voisin t'a amené, elle flotte maintenant sur ton ventre vidé. Quelques affaires, ceux de la petite, tu avais tricoté comme on te l'avait enseigné, quelques affaires dans la valise en carton fermée par une ficelle trouvée en hâte dans la grange en partant, quelques affaires rassemblés et te voilà dehors. Sur le trottoir , personne, tu pensais qu'il viendrait mais personne. Alors, tu te diriges vers le bus, t'installes sur la banquette de cuir usée et tu renverses la tête dans un profond soupir. La petite pleure, tu n'oses pas, tu n'oses pas ouvrir la blouse, alors tu berces, tu berces et tu t'endors. Brimballant, le car arrive au village, il fait presque nuit, le grincement du frein à main te réveille brutalement. Avant de descendre, tu balaies la place du regard, il n'est pas là. Tu traverses les champs de blé, longes la rivière, la lune t'accompagne, tu arrives à la ferme le coeur serré, pousses la porte, il est là, couvert de sang, il te regarde:" La Blanchette a mis bas ce matin".
Les yeux pleins de larmes, tu déposes le bébé sur la table: "Moi aussi, je l'ai appelée Odile et le veau?"
Le silence était lourd et s'étendit de longs jours. Ce doit être pour ça, ma chère Odile que tu es si volubile!