dimanche 22 novembre 2020

 Eloge de la pluie

« Quel temps!, impossible de sortir, trop frais, trop humide, trop gris »

Je ne comprends pas, c’est si bon de danser sous la pluie, sauter dans les flaques, s’asperger sous une gouttière et laisser l’eau couler sur les joues, lever la tête, tirer la langue et attendre la goutte rafraichissante, regarder les arbres frémirent de toutes leurs feuilles, les fleurs accueillir ce breuvage dans le bol de leur corolle. Et l’odeur!, respirer l’humus émanant de la terre quand vos pieds s’enfoncent dans le sol attendri. La pluie se fait aussi artiste, elle rainure le paysage en lignes droites ou obliques, elle frappe au carreau et dépose la buée sur les vitres, elle appelle les doigts des enfants. Elle décore le grillage du pré de gouttelettes perlées. Elle emplie l’abreuvoir et le lavoir. Ceux qui la trouvent ennuyeuse n’ont jamais tendu l’oreille, elle devient orchestre quand elle clapote sur le toit, quand elle gargouille dans le ruisseau, quand elle murmure des ploc!, des plouf !, des glou glou . Magicienne, elle peut tout faire disparaitre en dépliant son rideau. Elle est là en toute saison, giboulée ou mousson, elle se décline en bruine, ondée, averse ou grain. Elle délivre les nuages de leur lourde charge. Elle remplit le caniveau pour dame lune qui se mire dans l’eau. Elle fait chanter la grive et baver l’escargot. Elle cire les pavés gris des villes et nuance le sombre vert des sapins. Elle est complice du soleil pour former l’arc en ciel.

Si vous êtes toujours imperméable à ces plaisirs, vous pouvez toujours ouvrir vos parapluies.

Quoique qu’il en soit, a