lundi 23 novembre 2020

 Vivent les ivrognes

 

Quoi de meilleur que le vin ?

Quoi de pire que  d'en abuser ? En abuser vraiment, régulièrement, quotidiennement

En abuser jusqu'à en perdre la raison, en perdre toute décence. C'est un ivrogne jette-t-on avec mépris ! Quelle erreur.

 

Un ivrogne est d'abord gai, très gai, avant de devenir violent parfois hélas. Profitons de cette gaîté : quelle ambiance dans une soirée si celui qui a beaucoup bu s'épanche en des blagues certes peu correctes mais qui font rire sous cloche la plupart des hypocrites.

 

Quel animation installe-t-il, d'abord par ses propos puis par une mise en scène qu'il ne maîtrise pas, mais qu'il offre avec générosité à tous les convives. Un ivrogne bien émoustillé, bien titubant, attire l'attention de tous, se donne en spectacle gratuitement, chante d'une voix approximative avec moult mimiques et gesticulations.

 

Et quel jeu captivant, le soir pour les enfants d'entendre leur père s'écrouler lourdement contre la porte d'entrée et de le tirer qui par un pied, qui par un bras, ou même les cheveux, jusqu'à le hisser sur son lit.

 

L'ivrogne, le vrai ivrogne, au bout de son ivrognerie, n'est plus maître chez lui. Il essaie de frapper parfois, mais l'alcool qui imbibe ses muscles lui laisse peu de force, et celui qui baigne son cerveau le ramollit comme une éponge. En étant un peu malin, on peut faire de lui ce qu'on veut, lui soutirer tout ce que l'on convoite.

 

On en rencontre quelquefois recroquevillés sur un trottoir ou se réchauffant sur une bouche de métro. Mais qui cela gêne-t-il ?

 

Et pour les médecins quelle aubaine ! Les maladies dues à l'alcool composent une liste interminable. Que de consultations encaissées,  de journées d'hospitalisation. L'ivrogne n'est pas souvent riche, encore que, mais la Sécurité sociale est là.

 

Vivent les ivrognes donc. Surtout s'ils vivent  longtemps.