dimanche 22 novembre 2020

 Sylvain et moi

 

« Je suis un misérable ». Cette expression tournait en boucle dans ma tête ; Il faut dire qu’aucun projet ne m’habitait, je vivais au crochet de maman, je ne trouvais pas de travail.

« Je suis un misérable », je me percevais comme tel. Si l’arithmétique est utile, pour moi, elle n’a servi à rien, partout où je me présentais pour occuper un emploi, après avoir exposé mon parcours, on me disait : « Vous n’avez pris dans tout ceci qu’une chose qui vous intéressait, l’arithmétique, or pour la tâche à remplir dans notre société, cela ne sert pas à grand-chose, votre cerveau palpite dans un étau, nous avons besoin de quelqu’un plus ouvert sur l’extérieur. Perfectionnez votre physique et comprendrez mieux la naturedu profil recherché ».

Je m’attachai au travail, malgré mes efforts, je n’avançais pas. Je pris un coach, Sylvain, affreusement plaisant, il me parlait sur un ton mièvre et terminait nos séances en me tapant sur l’épaule : « Promettez moi, mon aimable amide reprendre les exercices, le chemin sera long ». Je m’entrainais donc tous les jours. L’air que prenait le policier du village quand je passais devantlui me fit dire que je commençais à changer. En effet, je me sentais beaucoup mieux dans mon corps. J’appréciais la douceur de Sylvain, je découvrais ma vraie nature. L’entrainement se passait bien, après les efforts, nous mangions excellemment dans les tavernes et passions la soirée ensemble.

En apprenant la nouvelle, maman m’a durement châtié. Je quittai à regret le village.

« C’est le seul choix raisonnable » me murmurait mon diablotin de Sylvain en me caressant la main sur le volant de notre décapotable.

En route pour Nice, je me suis dis : « Je ne suis plus misérable »