vendredi 13 novembre 2020

  La cabane désertée

 

Alberic chevauche dans la forêt de Barbelande. Après de rudes combats, il cherche la quiétude des bois. Son cheval trotte calmement quand il aperçoit une fumée dans le creux du vallon. Il pose pied à terre, s’approche, découvre une cabane presque avalée par la mousse. Une peau de lapin recouvre la porte restée ouverte, il pénètre sans difficulté, pas de clef. A l’intérieur, une seule pièce. Dans un coin, une paillasse posée à même le sol. Des toiles d’araignée semblent servir de rideaux. Un vieux poele fait encore bouillonner dans un chaudron une potion à l’odeur âcre, de quoi vous envoyer ad patres. Le départ a du être précipité. Au centre, une grande table est jonchée de millepertuis, d’héllébore et autres plantes. Quatre candélabres vomissent la cire de bougies en fin de vie. Des dessins agrémentés de description s’empilent au milieu de baumes et sirops divers. Sur les branches servant de charpente, sèchent fleurs et feuilles. Des étagères regorgent d’œufs, de peaux de serpents, de graines pilées. Il s’avance, ses pieds crissent sur des tessons de verre. Des pots ont été renversés, cassés laissant échapper des odeurs de tisane. Quelques robes brodées sont lacérées, déchiquetées. Un crapaud s’échappe par la fenêtre. Des étiquettes d’onguent sont gribouillées, les serpettes de cueillette sont fichées dans le bois du placard, les gants sont découpés. Le tableau d’Hildegarde est perforé et au centre est planté un crucifix. Sur une chaise, des cheveux coupés, des traces de sang, des liens de cuir, au sol deux trainées parallèles, les sillons tracés par deux pieds blessés.

Où l’ont-ils emmenée ? l’ont-ils tuée ou mise au bucher ?