jeudi 7 mai 2020


Au pays du silence

 Le crissement de la glace sous la coque du bateau.  Le pont brillant de gelée. Les stalactites en décor de lucarnes et le blanc immaculé des terres, le blanc bleuté des icebergs, le blanc partout pour 
éclairer la nuit sans fin des pôles et ce vent qui siffle sur les vagues...
Ce vent qui raconte le froid. Au fond du fjord quelques lumières scintillent ? Accoster ne sera pas chose facile. Les rafales font tanguer le navire. La première tentative échoue. L’embarcation cogne le ponton, s’immobilise enfin. Les rares passagers débarquent, les quais sont des miroirs bleutés. La chute menace à chaque pas. Les chaussettes sont de mise sur les chaussures. Rejoindre la chapelle, lieu de rendez-vous, elle se dresse en flèche dorée sur la pureté de la colline, un océan de blanc sous les étoiles. Onze heure, le soleil enfin, doux comme une caresse. Il ne veut pas déranger juste nous accompagner. Sur le blanc immaculé, des boules grises attendent. Au craquement du givre sous nos pas, elles se secouent, une pluie de neige autour des traineaux. Le voyage commence au cœur du silence. Halètement des chiens, léger frottement des skis et le blanc, toujours le blanc, à l’infini.