mercredi 13 mai 2020

Des foules
Foule d’arbres (peinture, à l’éponge ?)
Envolée du haut de la falaise, sous mon aile, ondule une mer, des vagues presque immobiles moutonnent dans une déclinaison de verts et une odeur de sève. Des feuillus sans doute. Des verts pales, dorés, tendres ou foncés. Des sortes de sphères qui se frôlent, se pressent, envahissent le coteau. Sous l’effet du vent, elles mêlent leurs nuances, on peut imaginer un craquement de branches. 
Quelques fines verticales soutiennent ce grand nuage ascendant. Stabilité dans la mouvance.
 Un filet ocre fend ce flot printanier pour laisser le passage au troupeau de laine montant à l’alpage. Des pointes sombres percent la multitude des courbes, des cimes de sapins tels des mâts dispersés sur une mer de jade. Cette cohue de verdure semble aspirée par le bleu du haut, l’or de la lumière. Elle cherche la juste place entre le ciel et la terre.
Seule, je plane au-dessus d’un océan de verts, au-dessus d’une foule en paix.

Foule d’idées (graphisme)
Comme tous les matins, la tête dans le brouillard.
Une brume informe envahit mon cerveau. Un café et voilà un point noir qui prend place pour le départ. Il commence à tracer une ligne, presque droite, il est l’idée qui prend forme, qui s’anime au rythme de mes battements de paupières. La ligne avance, recule, s’interrompt, dessine des pics, des creux, des chutes. Dans ma tête un labyrinthe sans sortie, des gribouillis. Stop. Il faut immobiliser le tableau, éclaircir le fond, abandonner le noir, adopter le doré de la lumière. Le point se centre, se colore d’un rouge éclatant, il devient rond, dense d’idées foisonnantes, liées, il prend de l’épaisseur. Un flot d’idées organisées le fait grossir. Deuxième café. Il devient confetti, des confettis qui se dispersent harmonieusement, colorés et légers. Je suis enfin réveillée.

Foule d’animaux ( B.D.)
Au- dessus de la prairie, pointillée de pâquerettes, des oreilles en grand nombre se dressent. Des magiciens auraient ils oublié leurs chapeaux ? De longues oreilles plus ou moins brunes, plus ou moins bien portées, parfois à la verticale, parfois de côté, parfois une en l’air, l’autre en bas, parfois toutes rassemblées comme sur un seul animal, parfois rangées deux par deux comme il se doit. Parfois en ligne, en cercles, parfois éparpillées. Parfois cachées. Parfois immobiles, parfois dansantes. Parfois aux aguets, figées ou animées en arc de cercle.
Qu’entendent-elles au juste ?
Pan, un coup de fusil, une meute désordonnée détale. Au- dessus de la prairie pointillée de pâquerettes, plus d’oreilles, une multitude de queue blanches comme un panache au bout du champ.