jeudi 14 mai 2020

Mes gris en /
J’aime le gris/gris d’un matin d’automne /vol d’étourneaux qui retient le regard/mouvement de la vie/le gris n’est pas neutre/douceur et vivacité réunies/la mer est grise sous la pluie/les rochers émergent/je me dresse avec eux/force du minéral et de l’écume/le gris du bestiaire/les souris, les tourterelles, les éléphants/ le noir et blanc/la blouse grise du quincailler/des écoliers/le chat gris de la concierge/la fumée qui monte au-dessus des lauzes/le gris rose des soirs d’été/le gris jamais défini/ce que j’aime en lui.

Sortie d’usine Lansbour
Septembre 2000/vendredi soir à 19h./Pedro, Gaston et Lucien/en colère/ils vocifèrent/un peu plus loin un groupe silencieux/abattu/l’atmosphère est lourde/tous des pourris, des vendus/faut mobiliser/dis pas de conneries, on a plus de clients/faute des commerciaux, tous des nuls/faut négocier/ de quoi manger des topinambours/une coop !/on est plus en 68 Franky, faut redescendre/et nos gosses qu’est-ce qu’ils vont devenir ?/faut occuper/juste bons à ramasser les cotisations ces grandes gueules/tu nous emmerdes avec tes tracts/plus personne en veut des confiottes aux griottes/savent même plus ce que c’est/ mangent plus de tartine, mangent des cookies/foutu, tout est foutu/on va occuper camarades/ ça va pas nous faire bouffer/des femmes rentrent/les gamins comprennent pas/les plus jeunes grimpent sur les grilles/on va enfin changer de vie/faudra toujours bosser pour bouffer/il est séquestré le beau jeunot en cravate/des pneus brûlent/des sirènes/des pourris, des ordures ! j’vous l’ai dit, c’est la lutte…/foutent le feu à l’usine/plus de machine pour la coop/
Tous licenciés/ chômage complet/ma belle viens on part/on verra.