jeudi 7 mai 2020

Petit dialogue d'intérieur



Après quelques jours de confinement, une fois passé l’état de sidération, de peur, d’incompréhension dans lequel ils avaient basculé, un changement est survenu. Ils ont découvert avec surprise quelques petits plaisirs inconnus dans l’isolement qui leur était imposé.

Lui : Le quartier était d’un calme sidérant
Elle : Au début, les rues désertes m’angoissaient
 Lui : Je ne me lassais pas d’admirer le ciel sans pollution aérienne. C’était la première fois que je le voyais comme ça
Elle : C’est le pays tout entier qui a changé de rythme, le calme s’était installé
Lui : Un jour, alors que j’attendais pour entrer chez le boucher, une dame qui était derrière moi à un mètre de distance m’a dit : « C’est incroyable ce calme, même les arbres reverdissent lentement »
Elle : Peut-être qu’avant nous ne les regardions pas chaque jour
Lui : Je ne savais pas qu’on pouvait vivre sans les incessants déplacements en voiture
Elle : J’aimais beaucoup faire les courses à pied dans le quartier
Lui : Nous commentions longuement les informations dont nous étions submergés dans les médias et qui nous angoissaient
Elle : C’est l’inconnu qui nous faisait peur. Aucun spécialiste ne semblait comprendre le comportement du virus
Lui : Les rendez-vous sur WhatsApp avec les enfants nous avaient amusés
Elle : Ils étaient terriblement frustrants et nous laissaient tristes et désemparés
Lui : Tu ne disais plus qu’il fallait que j’aille m’acheter de nouveaux vêtements
Elle : Je n avais plus besoin d’aller chez le coiffeur, ça c’était vraiment chouette
Lui : J’avais compris ce qu’impliquaient les mots consumérisme, divertissement, tourisme de masse, croissance…
Elle : Agitation, embouteillages, pollution, stress, surpoids, fatigue …
Lui : C’était une sorte de pause agréable
Elle : A laquelle il manquait cruellement les contacts humains.
Lilou