samedi 9 mai 2020

Bruits de semaine



Jeudi : Il faut s’occuper, j’ai mis les racines d’un poireau dans de l’eau. Il paraît qu’un poireau est capable de se régénérer.
Le ciel est insouciant, il ne connaît pas le virus et étale un bleu parfait avec insolence. Il paraît que le 11 mai nous serons tous masqués dans les transports en commun et certains magasins.  

Vendredi : Échange de brins de muguet sur WhatsApp avec mes filles

Un brin de muguet   
  A l’ombre fraîche du lierre 
Un espoir est né
                                                                                                                
Le poireau poireaute, c’est vrai qu’il a l’air de repousser comme si l’on avait enroulé un ruban et que, par-dessous, on poussait avec l’index pour faire sortir le centre.

Samedi : Journée remplie essentiellement par les coups de téléphone. Mon amie Paula d’abord qui, comme beaucoup de gens, redoute la fin du confinement. Peur du virus, inquiétude de reprendre le travail, de l’avenir incertain… Puis longs papotages bien agréable avec deux de mes petits-enfants qui vivent la situation avec beaucoup de philosophie et ne s’ennuient pas.

Dimanche : Soleil. Le jardin est beau, tout fleuri, en pleine végétation, plein d’escargots, de limaces, de cloportes, de pucerons, tous très affamés. Mon jardin est vivant !
Je suis sortie faire la balade d’une heure qui nous est accordée pour l’hygiène du corps, j’ajouterais et de l’esprit parce que marcher m’apaise vraiment.

Lundi : Une huitième semaine de confinement commence sous un soleil rajeuni et un ciel primal. Au milieu de la cacophonie des informations, de la fièvre née à l’approche du déconfinement, de la peur du virus ce qui m’apparaît clairement c’est qu’après le politiquement correct, la tolérance zéro, le principe de précaution, le plan Vigie Pirate, voilà maintenant le risque zéro et le traçage des malades. Nous sommes devenus une civilisation qui veut vivre sans risque ! Est-ce possible ? Ne prenons-nous pas en permanence le risque de vivre ?

Mardi : Quelques nuages filandreux planent au-dessus de la maison ce matin. Le monde d’après confinement ne m’attire pas du tout mais alors pas du tout. Masques — gel hydro-alcoolique — Distanciation sociale — Méfiance. Sommes-nous prêts pour une vie sans contact humain ? Chacun dans sa grotte. Tout peut se faire par écran interposé. Je suis de mauvaise humeur sans raison particulière, pour plein de petites raisons. Je viens de lire la lettre de Michel Houellebecq, écrite pour l’émission "Lettres d'intérieur" d’Augustin Trapenard sur France Inter. Houellebecq pense que le monde d’après sera « un peu pire ». Espérons qu’il se trompe. Le poireau pousse.

Mercredi : Belle lumière, je ne me lasse pas d’admirer le ciel sans trace d’avion. Ça m’attriste un peu de penser que le ballet aérien va recommencer. C’est apaisant ce ciel tranquille. Le message du gouvernement est clair « L’économie doit reprendre ! » Dommage qu’elle ne soit pas seulement dirigée vers nos besoins et ceux de la planète mais qu’elle s’évertue à produire du superflu, du divertissement, de l'agitation, du moche, de l’inutile pour nourrir le Capitalisme.

Jeudi : Soleil radieux ! Il s’en fout de l’épidémie comme de sa première chaussette (Oui, regardez bien, quand il fait froid il met des petites chaussettes au bout de ses rayons). En petit-déjeunant, lu avec plaisir les textes des copines, dans leurs mots je les retrouve et je suis maintenant capable de deviner qui a écrit. J’ai eu de bonnes nouvelles de tous mes enfants, petits-enfants, la journée commence bien, je vais éviter d’écouter les médias. Ce matin, le poireau mesure 12cm, je me demande s'il ne faudrait pas le mettre en terre.

Vendredi : 8 mai. Fête de la Victoire ! J-3…