vendredi 24 avril 2020

Atmosphères



C’est un matin d’été.                                                                                                                                Il est tôt, la chaleur est encore supportable. C’est un matin étrange, on dirait que le ciel est tombé sur la terre. Brume. Silence. Pas un chant d’oiseau. Juste cette ouate légère qui enveloppe la ville grise. Un jeune homme marche à pas de somnambule au bord de l’Huveaune.

 Depuis une semaine souffle un mistral terrible qui a tout desséché et chassé à l’autre bout de la planète les miasmes et la pollution. Dans le ciel d’un bleu d’acier stationnent des nuages lenticulaires qui ressemblent à des soucoupes volantes.  L’enfant ouvre les bras, se met à courir en tournant sur lui-même…

Le mois de mars de cette année là fut très agité. La journée avait été printanière, le ciel s’est obscurci d’un coup en début de soirée, de gros nuages noirs ont avalé le ciel et l’orage de grêle a éclaté avec violence. Bientôt le sol fut recouvert d’un épais tapis de glace, les grêlons crépitaient avec un bruit de mitraillette. Le paysage devint polaire, méconnaissable. Ses pieds chaussés de sandales avançaient prudemment.

Le soleil fait ce qu’il peut, il brille au firmament en ce milieu de journée et pourtant il fait froid, un léger voile blanc semble absorber la chaleur. La lumière est tamisée, pâle, les ombres ont disparu. Cette journée est une invitation au ralentissement, à la paresse. Impression d’y voir trouble. Hélène s’étire et baille.

Tamanrasset. C’était le but. Le désert. Chaleur sèche, irrespirable, insupportable. Lumière si vive, si violente, qui danse au sommet des dunes. L’air vibre, bourdonne. Et, comme si ce n’était pas suffisant, le sirocco s’est levé, a soulevé une fine poussière de sable piquante comme des milliers d’épines de cactus et a dressé un écran jaunâtre entre le ciel et la terre. Kamel…