vendredi 10 avril 2020

INCIPIT

Tout d'un coup, les chiens du quartier se mirent à aboyer, tous ensemble, furieusement.
Dans le silence lourd qui s'était abattu sur la ville depuis le début du confinement, ces aboiements me firent violemment sursauter.
Tout près, le chien de la maison voisine poussait de longs hurlements aigus. Un peu plus loin, les deux caniches de monsieur Lupin lançaient à intervalles réguliers de brefs jappements nerveux. Au bout de l'impasse une dame mystérieuse vivait avec sept chiens que je n'avais jamais vus mais qui, en ce moment, donnaient vivement de la voix. L'un d'entre eux grondait sourdement en continu. L'ensemble composait une sorte de musique sauvage à laquelle je m'accoutumais et qui mettait un peu de vivant dans le quartier devenu trop tranquille..
Il y eut d'abord un souffle imperceptible qui a fait frissonner les arbres. Un gros nuage noir venu de nulle part a surgi au-dessus des toits et s'approchait à grande vitesse tout boursoufflé de rage. La foudre est tombée sans prévenir. Juste un  coup d'épée d' une violence inouïe.Le bruit en même temps. Une déchirure. Un écroulement. Le ciel est devenu très sombre, quelques grosses gouttes ont frappé le sol d'un bruit sec de baguettes sur la peau d'un tambour.
Le nuage est reparti comme il était venu. Le soleil a de nouveau brillé. Avaient-ils été foudroyés? Les chiens n'aboyaient plus.