vendredi 17 avril 2020

Une minute


Je suis allongée dans le noir, mes pensées flottent, je suis encore là, et puis ce moment où le sommeil me prend, je ne suis plus là, je n'y suis plus et pourtant

L'instant où je plonge dans la vague bleue, le froid, l'énergie, le sentiment de puissance, j'avance et je suis une avec la mer, avec l'univers

Le lilas a refleuri, grappes mauves odorantes. J'y plonge le visage et tout me revient, l'enfance, le jardin, le retour des choses

Le regard. On a beaucoup parlé vrai, plus aucun mot n'est nécessaire. On est là, on se regarde, on est là

Ce livre que je viens de terminer, qu'il faut bien abandonner puisque la dernière page est tournée, comme il va me manquer dans les heures, les jours qui viennent avant qu'un autre le remplace

J'écoute, j'écoute Mozart, ces notes au piano, cet andante, et j'ai envie de pleurer, et je suis profondément heureuse, tout ensemble, à la fois

Revoir en photo la bouille d'un enfant tout sourire, le revoir maintenant qu'il est devenu grand, relier les deux images, ça semble parfois impossible

De gros nuages blancs traversent le ciel bleu, ils se font, se défont, y voir une tête, un bateau, un mirage, rêver

Prendre à pleines mains la terre grasse d'un champ labouré, la humer, c'est de là, de là que je suis venue

Pierre, ton prénom, pierres mon chemin, pierre un obstacle, pierre te tenir dans ma main, te lancer, au loin, très loin