Je
suis allongée dans le noir, mes pensées flottent, je suis encore
là, et puis ce moment où le sommeil me prend, je ne suis plus là,
je n'y suis plus et pourtant
L'instant
où je plonge dans la vague bleue, le froid, l'énergie, le sentiment
de puissance, j'avance et je suis une avec la mer, avec l'univers
Le
lilas a refleuri, grappes mauves odorantes. J'y plonge le visage et
tout me revient, l'enfance, le jardin, le retour des choses
Le
regard. On a beaucoup parlé vrai, plus aucun mot n'est nécessaire.
On est là, on se regarde, on est là
Ce
livre que je viens de terminer, qu'il faut bien abandonner puisque la
dernière page est tournée, comme il va me manquer dans les heures,
les jours qui viennent avant qu'un autre le remplace
J'écoute,
j'écoute Mozart, ces notes au piano, cet andante, et j'ai envie de pleurer,
et je suis profondément heureuse, tout ensemble, à la fois
Revoir
en photo la bouille d'un enfant tout sourire, le revoir maintenant
qu'il est devenu grand, relier les deux images, ça semble parfois
impossible
De
gros nuages blancs traversent le ciel bleu, ils se font, se défont,
y voir une tête, un bateau, un mirage, rêver
Prendre
à pleines mains la terre grasse d'un champ labouré, la humer, c'est
de là, de là que je suis venue
Pierre,
ton prénom, pierres mon chemin, pierre un obstacle, pierre te tenir
dans ma main, te lancer, au loin, très loin