mardi 7 avril 2020

Le naufragé
Voilà un certain temps que je suis en mer, je suis parti en quête d'un monde meilleur. je ne peux pas noter la date, j'ai perdu le fil,je suis uniquement dans l'alternance du jour et de la nuit, je ne compte pas.Je ne vois plus la côte, que du bleu.
Ce n'est pas tout à fait vrai, sur le cliché numéro 2 , les vagues sont surlignées d'un blanc d'écume et le ciel semble bien noir. On le pense assez prudent pour avoir prévu la pluie. Le ciel se prend parfois à arroser l'eau de l'océan.
Ce jour va m'apporter son lot d'eau douce, une aubaine pour remplir mes citernes. sur une vidéo , on voit Caperai se laver, prendre un plaisir fou à se débarbouiller, il ne va pas se noyer dans l'eau claire, et ce n'est pas le robinet, il faut économiser.
Après plusieurs jours d'orages successifs le soleil est revenu, un soleil dur qui me brûle la peau, m'échauffe la cervelle, je suis comme assomé, je rêve d'une glace à la terrasse d'un café.
L'horizon est plat, à peine voit- on la légère courbure de la terre, des mouettes pointillent  le ciel d'azur, la silhouette d'un bateau donne un peu de relief au paysage.
Dans cette chaleur torride , il doit avoir une pensée pour le réfrigérateur rempli de nourriture à la maison.
Les repas ne sont pas variés, menu de la mer tous les jours.Ce matin , je me suis planté une arête de dorade dans le pouce, pas facile de manoeuvrer handicapé. Si seulement je n'étais pas parti seul.
La solitude n'est pas totale, autour de l'embarcation on peut voir des poissons volants ,il semblerait que le dos d'un dauphin dessine une courbe près du bateau.
Mes compagnons ne parlent pas beaucoup, je fais quelques enregistrements de bruits mais la discussion ne va pas loin.
Il va sortir muet de cette aventure, on entend des cris de baleine, le souffle du vent mais pas sa voix, juste des espaces de silence effrayant.
Les couchers de soleil sont magnifiques, des couleurs allant du rouge au violet? Voilà un spectacle qui doit le ravir.
Ce soir, je regarde l'astre de feu descendre jusqu'à son extinction mais j'ai froid. Je n'avais pas prévu le froid étant donné la trajectoire que je m'étais fixé. Je me suis peut-être éloigné.
Après des creux de 9 mètres, des vents contraires , on l'a perdu de vue. C'est un bois flottant signalant la casse du mât qui l'a ramener dans notre champ d'observation.
Si tu avais un peu mieux appris ta géographie, nous les étoiles on pourrait te guider mais tu connais à peine nos noms.
Suis les courants, ils ne changent jamais de sens, eux. Ils sont de bon conseil.
En ce jour indéfini, mon rafiot endommagé, je me prends à rêver d'arbres, de fleurs , de copains. Tout ça doit prendre fin. je croyais trouver mieux que la terre, je me suis trompé.
La terre, est-ce que c'est celle qu'il attendait? Des palmiers, quelques habitations, des enfants qui jouent, des parasols, des hommes qui nagent, une carte postale de vacances.
Il ne va tout de même pas accoster au Club Méditerrané.