mercredi 22 avril 2020

Je suis
Je suis Siméon. Ma mère est tchèque, mon père, je ne sais pas qui c'est et elle non plus. Elle m'a élevé  seule, elle en est fière. Elle a travaillé dur pour m'envoyer à Charleville-Mézières. Elle voulait jouer de l'accordéon pendant mes spectacles mais je ne suis pas devenu marionnettiste.

Je suis Valentine. Ma passion c'était le patin à glace. J'habitais à Lyon près de la patinoire. Je suis tombée amoureuse d'un révolutionnaire. On est parti à Cuba, alors le patin...Ma mère n'a jamais accepté, je ne l'ai plus revue.

Je suis Alain, fils de français moyen . Mes parents tenaient le bistrot en face de l'usine.Je servais au comptoir de temps en temps. Je n'ai rien appris à l'école, j'ai pris la suite. Je sers au comptoir du matin au soir.

Je suis de nouveau Siméon, je ne suis pas marionnettiste, je suis une marionnette.

Je m'appelle Elodie. Née dans une famille aisée d'Aix ne Provence. Tous les chemins s'ouvraient à moi, je n'ai jamais trouvé le mien. je vais d'homme en homme, de boulot en boulot, de maison en maison...

Je suis Jo. Mon vrai nom , c'est Josette. Mes parents vendaient des légumes sur le marché, ma mère surtout, mon père blaguait au café. J'ai une jumelle, elle s'est mariée avec un capitaine, moi avec Marcel qui m'a collé six moufflets, alors les invitations au bal de l'armée, pas pour moi. Mais on rigole bien avec ma smala.

 Je suis Geneviève. Je vis seule, j'ai essayé les sites de rencontre,déçue. J'ai essayé le bénévolat, je ne supporte pas la misère. J'ai essayé les clubs, je n'ai rien à dire. J'ai fini à la campagne, je parle aux arbres.

Je suis Siméon, ma mère a coupé les fils de mes poignets et chevilles. Je suis tombé.

Je suis Alfred. Toujours dans la lune disaient mes parents. Toujours le nez en l'air disait la maitresse. Toujours dans ses rêves disaient les voisins. Redescend sur terre, ils disaient tous.
Je ne suis jamais descendu, je suis trapéziste.

Je suis Siméon, je suis un tas informe, au sol.

Je suis Félicie. Je prends soin de l'Eglise du village, les fleurs, le ménage. Je m'occupe du cimetière, je fleuris les tombes délaissées sauf celle de Ferdinand, il m'a laissé avec mon petit quand j'avais seize ans.

Je suis Marius. Il fallait pas faire comme lui. Il fallait un travail propre, pas fatiguant. Je suis à la poste, je regarde la télé le dimanche pendant que Françoise repasse. Pas d'enfant, il a dit. Je m'ennuie.

Je suis Fanette. Je suis...Je ne sais pas. Je ne suis pas chercheuse, je ne suis pas écrivaine, je ne suis pas botaniste, je ne suis pas artiste, je ne suis pas musicienne. Je suis tout et rien, c'est déjà ce qu'on me disait dans cette filaire appelée Sciences Ex.

Je suis le nouveau Siméon. Alfred m'a cueilli au cours d'un passage au raz du sol. Il m'a saisi dans ses bras, assis sur la barre. Avec lui, je vole, libre comme l'air.