A l'intérieur de chez moi, c'est assez grand pour y faire des pas, des allers et venues, se dégourdir les jambes. Ce que je préfère, c'est l'extérieur. De mon quatrième, en limite du Parc des Calanques, la vue est grandiose, les pins exhalent leur odeur chaleureuse, le soleil couchant illumine souvent les rochers blancs et le ciel, d'un rose à oublier tout ce qu'on a à faire, à s'asseoir sur la terrasse et à contempler. J'oublie le parking et ses voitures, le grand immeuble dressé plus loin, et je profite de la nature qui m'est offerte, du chant des cigales l'été.
De
mon lit la nuit, par beau temps, fenêtre grande ouverte, je
contemple aussi les étoiles, juste troublées par le passage d'un
avion ou de tous les satellites trop lents pour les confondre avec
des étoiles filantes et trop nombreux pour oublier que
nous avons colonisé le ciel.
Quand
je ferme la fenêtre je déambule au gré des pièces et de mes
occupations. Le lit, dans ma chambre, c'est pour rêver, endormie ou
éveillée, pour lire aussi. Et sur le petit bureau de bois fabriqué
par mon père j'écris des lettres, à la main, ça m'arrive encore,
je dessine parfois, ou je fais mes comptes, c'est moins poétique.
Dans
l'autre chambre, celle des petits enfants, des amis, je vais peu,
elle ne m'appartient pas vraiment. Mon fils y est souvent de passage
et dépose à chaque fois de nouveaux objets, des livres en quantité,
des bouteilles offertes par ses élèves, des boites de
gourmandises auxquelles je ne touche jamais sans y avoir été
invitée. Le piano noir des ses études n'a plus été accordé
depuis longtemps, il lui arrive d'en jouer pourtant, en sourdine pour
épargner les voisins.
Le
plus souvent je me tiens dans le salon, j'aime mon coin audio et
vidéo : télévision, ordinateur, chaine hifi, collection de CD
et DVD. Tout n'est pas du dernier cri, mais ça marche et m'occupe
beaucoup.
Les livres sont partout, dans toutes les pièces, même dans les toilettes où l'on trouve la collection complète d'Agatha Christie et quelques BD. Ceux de la cuisine je les ouvre de moins en moins. Il y en a même dans mon lit, ceux en cours ou en projet de découverte. Avec eux je me sens moins seule. Ils ne ronflent pas, mais si l'un d'eux tombe par terre en pleine nuit, ça me réveille aussi!
Et
puis il y a un fauteuil, un canapé, je vais de l'un à l'autre pour
boire un thé, lire, coudre, téléphoner, regarder des photos.
C'est
plein de photos chez moi : celles que j'ai faites, celles qu'on
m'a données, et des dessins d'enfants, tous encadrés. Mes petits
enfants, bientôt très grands, je les vois moins mais ils sont là,
avec moi, toujours, où que je regarde.
La
pinède dehors, la famille dedans, je suis la seule habitante, mais
je ne me sens jamais solitaire dans mon appartement, il est peuplé
de ceux que j'aime.