jeudi 2 avril 2020

Terre inconnue

J'avais désiré plus que tout  partir en Afrique réaliser ce reportage.
Dès que j'ai débarqué de l'avion, j'ai déchanté. La chaleur  s'est posée sur mes épaules comme un manteau de plomb. Le paysage que j'allais découvrir me fit l'effet d'un mirage.
Le guide qui m'accompagnerait tout au long de mon séjour, m'apprit que le fleuve était l'artère vitale du pays. La balade sur ses eaux troubles ne m'apporta aucune fraîcheur, l'air saturé d'humidité          m' oppressait. Les pirogues étaient entraînées par le courant comme des fétus de paille. A intervalles régulier un plouf violent agitait l'eau, faisait tanguer nos embarcations. Poisson? Crocodile? Je ne savais plus si je transpirais de chaleur ou de peur.
C'est par le fleuve que nous arrivâmes à l'hôtel où, ayant retrouvé quelques forces, je pus, le soir venu admirer les palmiers en ombres chinoises sur un ciel flamboyant.
Cette première journée donna le ton de ce reportage qui allait être comme une douche écossaise. je passerai sans cesse de l'admiration au dégoût, de la beauté à l'horreur, de la faim à la nausée, du bonheur à l'angoisse, de l'envie de ne plus partir à celle de rentrer le plus vite possible.
Je fus autant émerveillé que terrifié par les termitières hautes comme des cathédrales. surpris et écœuré par le massacre des hippopotames, désespéré et choqué par la fierté du chasseur d'éléphant qui a bien voulu poser fièrement devant le cadavre du géant terrassé.La danse tribale des indigènes Wakatouna que nous visitâmes ne me donna pas envie d'y participer. Un homme nu,vêtu, comme les autres d'un cache-sexe rustique me fit comprendre avec force cris gutturaux qu'il voulait que je le photographie avec son grand couteau. Je tremblais tellement que j'étais sûr que la photo serait floue mais non, elle est réussie.
J'ai fait beaucoup de photos. Des belles, des cruelles,des poétiques. J'ai été piqué par des moustiques supersoniques, j'ai mangé de l'hippopotame et des criquets, j'ai été un peu malade, j'ai vomi quelquefois, j'ai eu peur souvent.
Ce fut un voyage merveilleux!